Le Tirailleur Républicain

Un Urruñar en Picardie...par Aita

 

Un Urruñar en Picardie…


C'est avec une joie non dissimulée que j'ai répondu à l'invitation du tirailleur pour ferrailler intellectuellement sur son blog et pour écrire ces quelques lignes, qui vise avant tout à exprimer mes sentiments personnels sur une expérience tout à fait singulière dans la pratique du beau métier de professeur dans le secondaire en terre picarde.

Comment dire, comment résumer en quelques mots le sentiment qui m'a assailli durant les 10 mois qui m'a vu vivre dans cette contrée hostile, pleines de bouseux, de sangliers et de cerfs (l'animal, pas le gueux…quoi que…). Je n'utiliserai qu'une seule expression : une année de merde ! Et oui, après m'être délecter des lignes écrites par Isabelle Heullant-Donat, de m'être coltiner l'infect et sournois Stéphane Audoin-Rouzeau depuis son donjon Péronnesque, de m'être débattu dans des cartes de contrées inconnus aux noms aussi ridicules que pittoresques de notre chère pays tricolore, d'avoir tâter de l'historiographie, de la phénoménologie, de l'épistémologie…de s'être en gros casser le cul à avoir ce putain de Capes, et appris des monceaux de savoirs savants…Pour quel résultat ? Pour rien…ou si peu !

Pourtant cette maudite année de stage IUFM, qui garde des bons côtés toutefois, ne crachons pas dans la soupe, aurais du nous mettre la puce à l'oreille, notamment grâce au zèle du fameux Conardo pour nous saper le moral et nous montrer à quoi ressemble la fréquentation de casse-bonbons obséquieux et pédants.

Toutefois, c'est avec le cœur léger et plein de bonne volonté (bon là, je pipote un peu) que je quittasse ma chère patrie, ses plages, ses montagnes, ses fêtes d'Urrugne début septembre (ostia !), pour me retrouver dans les brumes picardes, tout prés des racines mythiques de ses chers rois mérovingiens, ces Valois et grandes familles royales françaises. Oui, c'est dans cette cité qui a vu Charlemagne couronnée roi d'Austrasie en 768, Saint Eloi organiser sa cité et son évêché avant d'y être enterré, Hugues Capet couronné roi de France en 987, qui a également vu la seconde cathédrale gothique de l'histoire jaillir de terre, que je me mettais à pied d'oeuvre, bien heureux de mettre en pratique les superbes conseils du Conardo pour repousser la barbarie neuneutale picarde dans les coins les plus profonds des forêts environnantes…Et beh, même pas !

La dure vie d'un TZR m'a ainsi rattrapé. Non, pas la vie du TZR qui se fait avoir par des principaux qui font du zèle en croyant que vous n'êtes qu'un serf taillable et corvéable à merci. Mais celle du TZR qui ne glande rien de sa journée, qui rencontre sa fidèle amie, la machine à café de la salle des profs, sa seule et unique confidente, qui ne le trahi jamais. Celle du TZR assis sur de délicieux sièges en cuir, qui n'a pas d'amis parce que les profs vous regardent de biais, pour peu qu'ils vous regardent ! Il faut avoir été TZR de cette espèce de TZR pour comprendre ce que je décris. Ce vide qui vous entoure et qui surtout, petit à petit, mais assez rapidement à vrai dire, vous amène à penser, d'abord dans votre tête puis à haute voie dans votre voiture, le matin en partant au collège, en rentrant chez vous, dans votre lit : « mais qu'est ce que je fous là ? »…Aujourd'hui encore, alors que la situation s'est sensiblement améliorée, je n'ai toujours pas de réponses précises !

Cela dit, je ne vais pas mentir, cette période de creux professionnel a été bien utilisée, notamment par des méthodes dignes des plus grands sophrologues pour canaliser le stress de cette nouvelle expérience douloureuse. Cette méthode dite du « glandage toute la semaine », requiert une attention de tout les instants et surtout une aptitude à repousser les choses les plus basiques à plus tard. Mais aussi à emmagasiner de l'énergie à certains moments de l'année pour profiter des plaisirs de la ville lumière…

Oui je l'avoue, sans regrets mais un peu honteux toutefois, la vie de TZR peut être profitable, car elle permet avant tout de se donner du temps pour une longue réflexion sur soi et sur son métier…Non je déconne, ça permet d'être payer en ne foutant rien, c'est toujours ça de pris, non ?…Ce n'est pas honnête ? Vous voulez me dénoncer à Jean-Pierre Pernaud ? A RMC ? Faites, faites, j'ai mangé mon pain blanc, j'en ai profité, de plus, avec nos nouveaux dirigeants ce genre de situation ne se déroulera plus…Et puis je n'ai pas demandé à venir à 900 bornes de chez moi, êtes vous capable de le faire, en toute franchise, vous les non profs ?

Alors, qu'en conclure : partir en Picardie pour ne pas bosser tout en étant payer ? Bien ou pas bien ? Les deux mon capitaine, le tout est de ne pas se prendre la tête et se dire que les jours meilleurs sont pour demain…c'est beau non ?



09/09/2007
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