Le Tirailleur Républicain

"Imagined Communities", Benedict Anderson

 

Le Tirailleur vient de terminer un grand classique anglo-saxon dédié à la notion de Nation.


Il s'agit de L'imaginaire national, Réflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme, de Benedict Anderson, Imagined Communities dans le texte, parue pour la 1ère fois en 1979, et réediter aux éditions La Découverte il y a peu...


Avant de commencer, 2 mots au sujet de l'auteur. Il enseigne les relations internationales à l'université de Cornell aux Etats-Unis. Il est spécialiste du Sud-Est asiatique. C'est un adepte du marxisme...


Voici la quatrième de couverture suivie de mes impressions :


« Qu'est-ce qu'un nation, et qu'est-ce que le sentiment national qui fait que des individus s'identifient corps et âme à d'autres individus qu'ils ne connaissent pas et ne connaîtront jamais ? Dans ce classique de l'historiographie anglo-saxone, Benedict Anderson montre que l'adhésion à l'idée de souveraineté nationale n'a rien de naturel. Les sociétés traditionnelles étaient bien incapable de la concevoir, qu'elle fût la force de leurs attachements ethniques ou territoriaux. L'auteur analyse les facteurs historiques dont la conjonction -comme celle de l'émergence de l'imprimerie- a permis la naissance de ces singulières « communautés imaginées » que sont les nations.


Convoquant une riche gamme d'exil à la Thaïlande en passant par l'Europe centrale et l'Amérique latine, l'auteur étudie l'interraction complexe entre la logique populiste et démocratique du nationalisme et les stratégies des régimes impéraux et dynatisques à la fin du XIXème siècle. Ecrit dans un style élégant teinté d'une ironie typiquement britanique, l'ouvrage d'Anderson – traduit dans toutes les langues européennes – offre à la fois le plaisir d'un certain raffinement intellectuel et l'utilité d'une introduction originale à un thème trop souvent traité de façon superficielle. »


Le décor est posé.


Tout d'abord il faut bien insister sur deux choses, la première c'est le style Très anglo-saxon de cet ouvrage, qui déconcertera plus d'un sorbonnard. Ensuite, son marxisme historique, qui témoigne surtout de l'âge de l'ouvrage (presque 30 ans). Ces deux remarques liées l'une à l'autre expliquent pourquoi ce livre, au demeurant fort plaisant, est parfois inaudible par sa réthorique partisanne et par sa lourdeur.


Le Tirailleur peut néanmons vous faire un résumé hyper-rapide du livre. En somme, le nationalisme n'a pu réellement apparaître qu'en liaison au Capitalisme de l'imprimerie qui a rendu possible la création imaginaire de communautés distinctes, prélude au nationalisme de toute sorte. Ainsi, il démontre que c'est par la langue, et surtout le langue d'imprimerie, que le nationalisme a pu exister... cela pour diverses raisons.


A la source de ce nationalisme, réellement décelable selon Anderson à la fin du XVIIIème siècle, il y a deux systèmes culturels très important : la communauté religieuse et le royaume dynastique, ces deux là étant des sources d'identification et de dépassement primaires à la Nation. Mais voilà, une fois que ces deux communautés culturellles primaires furent dépassées, ou en passe de l'être, elles tentèrent de réagir, surtout la deuxième. Ainsi il démontre que la plupart des royaumes dynastiques ont oeuvré pour la création et la captation d'une identification nationale à leur propre dynasties, ayant pour objectif la conservation du pouvoir...


Un des instruments majeur entre les mains de ces royaumes impériaux (Russie notammant), fut la langue ! Ainsi, Anderson; après avoir montré au préalable toute l'importance de la construction d'un langue d'imprimerie, différente de la langue orale , qui permit la difusion d'un identité propre aux lecteur et l'apparition d'un communauté imaginée; montre que la langue officielle du royaume, en tant qu'élément unificateur, fut un vecteur de nationalisme...(voire ici pas mal d'exemples « sur les colonialistes impériaux » très intéressant, souvent piochés dans les littératures pré-nationalistes d'Amérique latine ou d'Indonésie...).


Mais ces politiques avaient leurs revers, et nombre de colonisés, usant en Indes de l'Anglais, en Indonésie du Hollandais...s'en servirent justement pour prendre à leur propre jeu les colonisateurs...Paradoxe, le comble étant que des nationalistes usent de la langue des colons pour réclamer l'Idépendance d'une Communauté Imaginée par l'intermédiaire de la langue colonisatrice !


Voici ce que l'on peut retenir (en très bref) d'un livre fondateur, mais souvent confus dont il faut relire plusieures fois le même paragraphe pour bien comprendre la pensée de son auteur.

On peut toutefois bien garder en mémoire...notamment pour les concours, que Benedict Anderson nous invite a prendre plus de distance par rapport aux habituelles définitions de la Nation que nous rencontrons. Pour lui, il n'y a ni communauté héréditaire (Herder), ni volonté de vivre ensemble (conception française), mais tout simplement une construction engendrée par le Capitalisme, rendu possible par les classes aristocratiques et bourgoises, sans pour autant que cela jette l'opprobe sur elle. La Nation et le nationalisme découlent d'un passé reconstruit et imaginé, voire détourné : la Mémoire que Michelet mettait en exergue adjointe à l'Oubli déffendu par Renan.

 

Consultez le résumé du Thiboniste ici !





01/06/2007
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