Le Tirailleur Républicain

Repentance, Réhabilitation, Démagogie et Connerie

 

Mon courroux commence ce matin, au réveil, lorsque j'entends furtivement sur France Info que l'on commence à blablater sur la possible réhabilitation des fusillés de la Grande Guerre.


Soit, je veux bien que l'on en parle...


Par contre, je suis Colère quand j'entends peu après, les propos honteux d'un députés vert dont je n'ai pas retenu le nom(si vous pouvez m'aider à ce sujet...), expliquant avec conviction que ceux qui avaient été fusillés « étaient finalement plus courageux » que ceux qui montèrent bêtement à l'assaut vers une mort horrible, et ajoutant si mes souvenirs sont bons qu'en gros « ce sont eux les vrais héros » !


Merde alors, tout Tirailleur que je suis, ça m'en a enlevé la tartine du bec ! J'en ai eu mal au ventre et ma fibre patriotique et républicaine me commanda d'intervenir...


Quelle démagogie primaire ! Quelle connerie Oui !


Le problème c'est qu'il faudrait peut-être apprendre l'Histoire avant de la commenter ! Bien sûr qu'il faudrait avoir des mots d'apaisement à l'égard de ces vaillants bougres dont sans doute un bon nombre ne méritaient en rien cette ultime sanction.

Néanmoins, tout en criant sur les toits que les généraux étaient des assassins incapables et des nantis bien au chauds dans leurs résidence loin des tranchées, de la boue, de la merde et de la mort, il serait convenable également de préciser que si l'on convient que cette terrible guerre fût « inutile » et fût une sorte de suicide de la « vieille Europe », par pitié dites nous aussi messieurs ce qui serait advenu en avril 17 si les mutineries s'étaient développées dans toute l'Armée française ? Vous croyez que les adversaires d'alors auraient dit « pouce ! » ?


Il faudrait être un peu objectif et réaliste !


L'Histoire doit servir au mieux pour ne pas commettre les mêmes erreurs que par le passé, elle ne doit pas être instrumentalisée à des vues politique ou idéologique car ce serait la dévoyer.


De plus, l'Histoire ce n'est pas si simple, réduire la Grande Guerre à un combat impérialiste et les mutineries à une lutte pour la liberté serait dangereux... Rien n'est simple, avant de juger il faut connaître puis expliquer. A titre d'exemple, savez-vous messieurs les repenteurs ce qui a permis à la France de sortir du mécanisme des mutineries ? Et bien c'est en adoptant une stratégie moins offensive et en améliorant le quotidien du poilus (nourriture, permission...)...oui mais le « hic » c'est que c'est le « bon » Général Pétain qui mit en place cette politique qui finie par « calmer » les poilus les plus excédés par la bêtise et l'inutilité de certaines offensives... Et oui, rien n'est simple, un événement connait des causes immédiates et des causes anciennes et n'en retenir qu'une s'est finalement mentir !


Les personnages de l'Histoire, eux aussi ne sont pas tous blanc ou tous noirs, ils sont complexes qu'il s'agisse du Pétain de Verdun, ou de n'importe quel poilus !


Qui sait aujourd'hui pourquoi tel ou tel régiment s'est mutiné ? Seuls les historiens qui respectent la démarche critique peuvent et doivent répondre à cette question.


L'enjeu selon moi, n'est pas la Mémoire, mais c'est bien l'Histoire. Cette dernière ne cesse d'être reléguée à sa fonction rébarbative et scolaire, alors qu'on oublie que c'est en partie elle qui forme le citoyen en cela qu'elle lui fourni en théorie les bases de la démarche de la raison critique...Mais c'est vrai qu'il est tellement facile de ne pas se servir de son cerveau, et de laisser les autres penser à votre place...


Pour mémoire, je « drag and drop » la lettre que JJ Becker a envoyé à Bockel lorsque celui-çi parlait de réhabilitation. J'ajoute en fin que je trouve (pour ce que j'en sais) plutôt pas mal les propos tenue ce matin à Douaumont...pour une fois que j'en dis du bien...




" (…) Je comprends la démarche qui consiste à s'interroger sur les soldats condamnés pendant la guerre et en particulier les environ 6OO qui furent fusillés. Il me semble effectivement qu'une étude cas par cas s'impose, de façon à commencer par éliminer les condamnés de droit commun. Pour les autres, je crois qu'on doit éviter d'employer la formule fusillés « pour l'exemple » historiquement fausse. Sauf de façon tout à fait marginale, il n'y a pas eu de condamnés  pour « l 'exemple ». On peut considérer que certains jugements ont été hâtifs, injustes, mal fondés, mais ils ont été prononcés en fonction du code de justice militaire, et non pour l'exemple, sauf à estimer que tous les jugements civils ou militaires, de quelque sorte qu'ils soient, soient prononcés pour l'exemple, dans la mesure où ils contiennent toujours une dose d'exemplarité. On peut considérer également que les juges militaires français ont fait preuve de plus de sévérité que leurs collègues allemands. Il est également vrai que les jugements prononcés par les cours martiales des premières années de guerre sont davantage sujets à caution que les jugements des Conseils de guerre de 1917 dont les décisions ont été soumises au président de la République qui a commué 90 % des peines de mort. Le terme de "réhabilitation" me semble aussi poser problème au plan juridique. Pour ceux en particulier qui, avant leurs actes d'indiscipline (dont certains on pu être d'une gravité extrême), s'étaient souvent très courageusement conduits, il me semble qu'une déclaration pourrait être faite, autorisant leur inscription sur les monuments aux morts (ce qui d'ailleurs a déjà été souvent fait sans autorisation particulière). Il ne faut pas se cacher par ailleurs que, tant d'années après, dans les villages les générations actuelles ignorent bien souvent les liens de parenté qu'elles peuvent avoir avec tel  ou tel mort de la guerre. C'était d'ailleurs une des propositions de la Commission de les faire « revivre » en utilisant le fichier « Mémoire des Hommes » du secrétariat d'Etat. (…)" 


11/11/2008
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